Jeanne de Bourbon est née au Manoir royal de Vincennes le 3 février 1338, quelques jours seulement après son futur époux, le roi Charles V.
Ils sont baptisés le même jour à l’église de Montreuil. Autant dire qu’ils se connaissent depuis la naissance.
On ne sait pratiquement rien de son enfance et pour ainsi dire de sa vie. Les seuls éléments que l’on possède sont ceux relatifs à son établissement, c’est-à-dire à son mariage.
On peut penser que son enfance se passe entre le bourbonnais, la cour royale auprès de la reine et l’hôtel de Bourbon à Paris, mais rien ne permet de l’affirmer.
En tant que fille ainée du duc de Bourbon, elle a l’avantage d’être la première de ses sœurs à pouvoir prétendre à un beau mariage.
On entend par « beau mariage », un bon parti, car l’établissement dans le mariage sera gage de son avenir et sa position sociale dans la vie.
Elle est tout d’abord fiancée au dauphin de Viennois Humbert II, veuf et de 26 ans son ainé.
Mais le rachat du Dauphiné par le roi de France en 1349, lui fait perdre son fiancé.
Pourtant, l’astuce est trouvée, le roi de France, alors Philippe VI rachète le Dauphiné à Humbert II pour son petit-fils le futur Charles V.
Et c’est ce jeune Charles qui épousera Jeanne de Bourbon. Une partie de l’argent de la dote de Jeanne sert justement pour moitié à l’achat du Dauphiné.
Le choix de Jeanne de Bourbon pour épouser le petit-fils du roi de France est stratégique sur deux points.
D’abord, financièrement, car la dote de Jeanne permet l’achat du territoire du Dauphiné avec le titre de Dauphin.
Ensuite, l’alliance des Valois avec les Bourbons, descendants directs du roi Saint-Louis, permet de renforcer
la position fragile des Valois nouvellement sur le trône et souvent contestée, surtout depuis les défaites de l’Ecluse, Calais et Crécy.
Les Bourbons restent donc de fidèles et solides partisans de leurs cousins Valois.
Le mariage de Jeanne avec Charles à lieu à Tain-l’Hermitage le 8 avril 1350.
Ils ont 12 ans tous les deux et ils sont cousins. Ou plus exactement, Jeanne est la cousine germaine du père de Charles.
Depuis leurs fiançailles en 1349, le mariage a plusieurs fois été repoussé en raison de l’épidémie de peste noire et des différents décès au sein de la famille royale :
Bonne de Luxembourg, la mère de Charles, puis Jeanne de Bourgogne, sa grand-mère et reine de France, toutes deux décédées de la peste en 1349.
Charles est également très malade peu de temps après son arrivée en Dauphiné à la fin de l’année 1349, mais il semblerait que la maladie ait été la dysenterie.
Le mariage arrive enfin au moment de Pâques 1350, mais la cour ne fait pas le déplacement, en raison du risque épidémique.
Il s’agit d’un tout petit mariage en comité restreint. On sait que le père de Jeanne, le duc Pierre de Bourbon était présent, mais rien sur les proches de Charles.
Son père le futur roi Jean II le Bon, et son grand-père le roi Philippe VI viennent d’ailleurs eux-aussi de se remarier en début d’année 1350.
S’ils se marient en 1350 à l’âge de 12 ans, leur vie commune ne commence vraiment que vers 1355, au moment où Charles devenu aussi lieutenant de Normandie réclame
le duché et plus d’autonomie auprès de son père le roi Jean II.
A partir de 1356, la situation française se complique avec la défaite de Poitiers et la capture du roi Jean II le Bon.
Durant cette bataille, le duc Pierre de Bourbon, père de Jeanne, est tué et Charles devient le lieutenant du roi de France son père durant sa captivité.
Officiellement, il n’est pas le régent, même s’il en a techniquement les fonctions.
C’est donc à 18 ans, que le jeune couple se trouve propulsé à la tête du royaume de France, durant l’une des plus difficile période de l’histoire de France.
Comme toutes les jeunes femmes fraichement mariées, et qui plus est, future reine de France, le premier devoir de Jeanne est de donner des héritiers à la couronne.
Les premières années vont pourtant être, elles aussi, très difficiles pour le jeune couple.
Durant le temps de la capture du roi Jean II en Angleterre, Jeanne va être enceinte deux fois.
Deux petites filles Jeanne, née en 1357 et Bonne, née en 1360, meurent toutes les deux à quelques semaines d’écart en 1360 juste avant le retour du roi Jean II en France.
Elles sont enterrées à l’Abbaye Saint-Antoine (ancien emplacement de l’Hôpital Saint-Antoine à Paris).
Puis plus rien durant cinq ans. A-t-elle fait des fausses couches durant ces cinq années, qui ne seraient pas connues ? Nul ne sait.
En 1364, à l’âge de 26 ans, Charles et Jeanne sont sacrés roi et reine de France à Reims.
Ils n’ont pas d’enfant. Deux ans plus tard, pourtant, la reine Jeanne accouche d’une petite fille, Jeanne, qui ne vit que quelques mois.
Elle est enterrée à Saint-Denis. A ce moment, il semblerait que Charles, désespéré, ait tenté de séparer de Jeanne en demandant au pape une annulation du mariage ou une répudiation.
Mais le pape a refusé. Finalement c’est en 1368, que Jeanne accouche d’un fils, le futur Charles VI.
C’est alors que les grossesses s’enchainent : Marie, née en 1370 ; Louis, futur duc d’Orléans, né en 1372n ; puis Isabelle en 1373 et enfin Catherine en 1378.
Hélas, Marie meurt à l’âge de 7 ans et Isabelle à l’âge de 5 ans, quelques jours seulement après sa mère qui vient d’accoucher de sa dernière fille, qui vivra 10 ans seulement.
Au total, sur leurs huit enfants ; seuls les deux fils atteignent l’âge adulte.
Jeanne meurt donc en couche à l’âge de 40 ans, en mettant au monde la petite Catherine.
On ne sait si l’origine du décès est une infection ou une hémorragie, ou bien une autre cause périnatale…
Dans les chroniques, il est seulement évoqué un bain, qu’aurait pris Jeanne, juste avant l’accouchement, bien que ses médecins lui aient déconseillé.
Sur l’amour que pouvait se porter le couple, il en est fait mention dans les récits de Christine de Pisan.
Elle parle du profond amour qui unissait Jeanne et Charles mais aussi du terrible désarroi dans lequel se serait retrouvé le roi Charles V au moment de la mort de sa femme
(et de sa fille Isabelle quelques jours plus tard).
Cependant, quelques zones d’ombres persistent autour de ce couple, dont quelques mentions se trouvent parfois dans les chroniques et qui laissent présager une vie commune plus mouvementée.
Durant les années 1354-1355, lorsque Charles est lieutenant de son père en Normandie, il semblerait qu’il ait fait quelques écarts.
Les chroniques normandes parlent d’une maitresse, Biette de Casinel, et d’un ou deux bâtards nés de cette union. Rien d’autre ne permet de l’affirmer.
Christine de Pisan fait bien référence à la jeunesse rebelle de Charles V mais il est aussi tout à fait possible qu’elle mentionne uniquement ses faits de rébellion contre son père,
qui eux sont bien réels et prouvés.
D’autres chroniques font états de suspicions d’une liaison de la reine Jeanne avec Louis d’Harcourt, suivi d’une brouille avec l’ami d’enfance et cousin du roi, Louis d’Etampes ;
mais là encore, les sources font défauts.
Enfin, vers 1375, il semblerait que la reine Jeanne ait été malade. Le roi fait dire des messes pour son rétablissement. Tout laisse penser qu’il s’agirait de troubles mentaux.
Folie, dépression passagère… ? Là encore les sources manquent.
Notons toutefois, que Charles n’hésite pas à inscrire Jeanne comme régente au cas où il décèderait avant la majorité de son fils,
et il serait surprenant qu’il la nomme ainsi, si elle avait été atteinte de folie, même passagère.
Plus tard, les chroniqueurs ne manqueront pas de rappeler cet évènement pour tenter de justifier l’état de santé héréditaire du roi Charles VI,
qui lui était bien atteint de folie ressemblant à de la schizophrénie.
Dans tous les cas, il semble bien que Jeanne ait pu avoir de l’influence sur son époux,
mais sa présence reste discrète aux yeux de l’histoire et finalement très peu de sources en font mention.
A partir de son décès en 1378, Charles accumule les maladresses politiques (en Bretagne, puis dans le conflit qui agite la chrétienté avec le Grand Schisme d’Occident).
Une fois veuf, Charles n’a pas songé à se remarier. Il meurt deux et demi plus tard à l’âge de 42 ans, de ce qui ressemble à une crise cardiaque.
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