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Jeanne de Flandres, comtesse de Montfort


Jeanne de Flandres est la fille de Louis de Flandres, comte de Nevers et de Jeanne comtesse de Rethel. Mort avant son père, Louis de Nevers n’a jamais été comte de Flandres, mais son fils Louis Ier, devient comte de Flandres en 1322. Jeanne de Flandres est donc la sœur du puissant comte de Flandres, de Nevers et de Rethel, Louis Ier.

En 1329, Jeanne épouse tardivement, à l’âge de 34 ans, Jean de Bretagne, comte de Monfort.
Cette alliance a été, là aussi, supervisée par le nouveau roi de France Philippe VI de Valois. Le puissant comte de Flandres, Louis Ier n’avait pas encore d’enfant et sa sœur Jeanne étaient encore son héritière.
Un prince trop puissant comme époux pour Jeanne était un risque trop important de voir s’allier la Flandres avec une autre principauté. Trouver un époux à la fois acceptable mais pas trop puissant était donc une affaire compliquée.
Monfort convient donc parfaitement pour le roi de France. Il est le deuxième frère du duc de Bretagne Jean III, il n’y a donc pas de risque qu’il devienne duc de Bretagne et de voir s’allier la Bretagne et la Flandres. Jean est comte de Montfort l’Amaury (dans les Yvelines actuelles). Il détient ce comté de sa mère Yolande de Dreux.
Le mariage de Jeanne de Flandres avec Jean de Montfort va donner naissance à deux enfants nés en 1339 et 1341 : Jean et Jeanne ! On n’invente rien !



Si l’année 1341 marque la naissance de leur fille, c’est aussi l’année de la mort du duc de Bretagne Jean III. Sa nièce Jeanne de Penthièvre et son mari Charles de Blois réclament tout naturellement le trône.
Pourtant, poussée par son ambitieuse femme, Jean de Monfort revendique aussi le duché. Personne ne s’y attendait. Le roi de France, en tant que suzerain, doit choisir lequel de Charles de Blois et Jean de Montfort peut être duc de Bretagne.

Charles de Blois est son neveu, facilement malléable aux ambitions françaises. Jean de Montfort, même s’il est un fidèle de la couronne française, est trop dangereux. En effet, sa femme Jeanne de Flandres pourrait bien hériter du comte de Flandres, même si son frère le comte Louis Ier de Flandres a eu un fils entre temps : Louis de Mâle, le risque est trop grand de réunir la Bretagne à la Flandres, prenant la France en étau.
Le 7 septembre 1341, par l’arrêt royal de Conflans, le roi Philippe VI tranche en faveur de Charles de Blois et Jeanne de Penthièvre.
Sans attendre la réponse royale trop prévisible, Jean de Montfort et son épouse Jeanne avaient quitté Paris pour rejoindre leur domaine de Guérande et s’emparer de Nantes et de plusieurs places fortes en Bretagne.

Aussitôt le roi Philippe de Valois fait lever une armée qui vient assiéger Nantes. Jean de Montfort se rend contre la liberté de défendre sa cause. Pourtant, dès son arrivée à Paris, il est jeté en prison. L’affaire semble réglée et Charles de Blois fait allégeance au roi Philippe VI.

Réfugiée à Rennes, durant l’hiver 1341-1342, Jeanne de Montfort, prévoit de poursuivre la lutte en recherchant des fidélités. Et elle en trouve, notamment parmi les barons bretons, mécontents que la Bretagne passe sous l’influence du roi de France. Et surtout, elle fait appel au roi d’Angleterre Edouard III alors en guerre contre le roi de France dans ce que l’on appellera la Guerre de Cent Ans. Le conflit franco-anglais vient donc se déplacer, entre autres, sur le terrain breton.

En février 1342, Jeanne accepte de négocier avec le roi de France en vue de la libération de son mari et la révision de l’arrêt de Conflans, mais Jean de Montfort refuse de renoncer à ses biens bretons. Il est donc maintenu en prison et la négociation est rompue. Enfin, à l’été 1342 les anglais débarquent à Brest.

De nouveau, le roi de France envoie une forte armée en Bretagne, commandée par son fils, le duc Jean de Normandie (futur roi de France Jean II le Bon), accompagné de Charles de Blois. Rennes est prise en mai 1342, puis Charles de Blois est devant Hennebont qu’il assiège.
Jeanne de Montfort, réfugiée dans Hennebont exhorte à la résistance et surtout, accompagnée de 300 cavaliers, elle fait une sortie pour aller incendier le camp français avant de s’enfermer à Auray puis à nouveau de revenir dans Hennebont avec 900 hommes.
Chaque fois par ruse, elle réussit à déjouer la surveillance de ses ennemis et son coup de maitre contre le camp français incendier, lui vaudra alors le surnom de Jeanne la Flamme !
Finalement aidés par les anglais venus à la rescousse de Jeanne, les français abandonnent le siège d’Hennebont pour aller prendre la ville d’Auray.

En octobre 1342, Charles de Blois a alors conquit toute la Bretagne, sauf Hennebont et Brest qui restent aux mains des Montfortistes. Pourtant, le roi Edouard III d’Angleterre débarque à Brest avec 16.000 hommes et reconquiert de nombreuses cités.
C'est en soutenant Edouard III, au cours de l'une de ces batailles, que le fameux Robert d'Artois, héro des romans de Druon "Les Rois Maudits", est mortellement blessé aux pieds des remparts de Vannes.

En janvier 1343, grâce aux émissaires du pape, la trêve de Malestroit est signée entre les deux rois jusqu’en septembre et Jean de Montfort doit être libéré.
Mais en mars 1343, Edouard III d’Angleterre retourne à Londres, emmenant avec lui, contrainte et forcée, Jeanne et ses deux enfants, où elle restera exilée jusqu’à la mort.

En septembre 1343, Jean de Montfort est libéré, mais ses amis ont été arrêtés et décapités et le parti Montfortiste, persécuté, s’effondre.
Parmi eux, Olivier IV comte de Clisson, pourtant déclaré du côté de Charles de Blois, est accusé de trahison et décapité à Paris sur ordre du roi de France. Cet acte honni par la femme de Clisson, sera à l'origine de sa terrible vengeance et lui vaudra le surnom de "La Tigresse Bretonne".
Les quelques Montfortistes qui parviennent à s’enfuir en Angleterre ne peuvent que constater que Jeanne a sombré dans la folie. En réalité, on ne sait s’ils rencontrent Jeanne, et si la folie de cette-dernière est un mensonge d’Edouard III. Peut-être que le terme de folie peut aussi désigner la dépression pour l’époque.
Quoi qu’il en soit, Jean de Montfort, s’enfuit lui aussi à Londres, où il parvient à obtenir de l’aide du roi Edouard III. Il débarque à Brest, où il est blessé lors des combats contre les troupes de Charles de Blois, puis vient mourir à Hennebont des suites de ses blessures.
Son testament stipule qu’Edouard III gouvernera la Bretagne avec les pleins pouvoirs jusqu’à la majorité de son fils.
Ensuite, il n’est plus fait mention de Jeanne dans les registres. On sait qu’elle reste enfermée, sous surveillance, les relèves de ses geôliers sont attestées. Elle décède probablement en 1374.

A partir de 1345, la guerre de Succession de Bretagne entre alors dans une phase statu quo, durant laquelle se succèdent les prises et reprise de cités, les escarmouches, des combats privés tels que le combat des Trente, en 1351.

Mais à la bataille de La Roche-Derrien en 1347, Charles de Blois avait été capturé et emmené en Angleterre où il restera 9 ans prisonnier dont 5 ans à la Tour de Londres. Libéré en échange d’une forte rançon, il doit envoyer ses fils en otage en Angleterre.

En 1362, le jeune Jean de Montfort, qui a grandi à la cour d’Angleterre, est autorisé par Edouard III à retourner en Bretagne. Il avait, par ailleurs, épousé l’une des filles d’Edouard III.
La guerre de succession de Bretagne ne prend fin qu’en 1364, suite à la bataille d’Auray, au cours de laquelle Charles de Blois est tué.
Jean de Montfort devient le duc Jean IV de Bretagne, et Jeanne de Penthièvre renonce à son trône sur la Bretagne.


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Lectures ayant aidé à l'écriture de cet article :
- CHOFFEL Jacques, La Guerre de Succession de Bretagne, 1975, F. Lanore.
- CASSARD Jean-Christophe, Charles de Blois, 1319/1364, 1994, Centre de Recherche Bretonne et Celtique ; Unité associée du CNRS.
- JONES Michael, La Bretagne ducale sous le règne de Jean IV, 1998, Presses Universitaires de Rennes.
- KERVRAN Marcel, Les grandes heures de Jean de Montfort et Jeanne La Flamme, 1981, Joseph Floch.
- LASSABATERE Thierry, Du Guesclin, Vie et fabrique d’un héros médiéval, 2015, Perrin.

Musique que j'aime :
- Tri Yann, An Alarc'h, 1972, Kelenn.


Auteure © Aurélie-Anne Brière-Seveau, tous droits réservés, 2021

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