Pour rester dans la famille du roi Jean II le Bon, (qui a été fait prisonnier des anglais à Poitiers en 1356), Louis Ier d’Anjou
n’est autre que son 2ème fils. Et c’est à l’âge de 17 ans qu’il combat à Poitiers avant de prendre la fuite avec son grand frère,
le dauphin Charles (futur roi Charles V le sage) et son frère cadet Jean (futur duc de Berry) ; pendant que son père, le roi Jean II,
se fait capturer avec le dernier petit frère de 14 ans « Philippe le hardi », futur duc de Bourgogne.
4 ans plus tard, en 1360, au traité de Brétigny, leur père et leur petit frère sont libérés des anglais et peuvent retourner en France,
mais Louis d’Anjou fait partie des otages qui doivent remplacer son père, le temps de rembourser la rançon du roi.
Mais Louis d’Anjou n’est pas trop enchanté de devoir aller prendre la place de son père à Londres. D’autant qu’il est très amoureux...
L’heureuse élue est Marie de Blois-Chatillon. Elle est la fille de Charles de Blois, le Bienheureux (il sera béatifié) et de
Jeanne de Penthièvre. C’est d’ailleurs au mariage de Charles de Blois et de Jeanne de Penthièvre que Bertrand Duguesclin commence à
se faire une renommée (mais cela est une autre histoire, qui sera l'occasion d'un autre article...).
Donc Marie est la fille de Jeanne de Penthièvre qui revendique le trône ducal
de Bretagne contre la famille des Montfort (ses cousins).
D’où : la Guerre de Succession de Bretagne, appelée aussi Guerre des Deux Jeannes.
Les Montfort sont soutenus par les Anglais, et les Blésistes (parti de Charles de Blois/Jeanne de Penthièvre) sont soutenus par les Valois/Français.
Les frères de Marie sont eux aussi otages en Angleterre, donc en plus d’être jolie, elle est un bon parti car elle a des droits sur
le duché de Bretagne. Alors que ce soit pour la Bretagne ou pour ses beaux yeux, Louis d’Anjou veut épouser Marie. Sauf qu'il y a un petit
problème, il est déjà fiancé à Constance d’Aragon, la fille du roi d’Aragon Pierre IV le cérémonieux (qu’il n’a jamais vue).
Donc Louis épouse Marie en secret à Saumur et voilà le début de la petite histoire...
Parce que ce n’est pas fini !
Louis doit maintenant partir pour Calais (qui est aux anglais depuis le siège de 1347 et du fameux épisode des Bourgeois de Calais).
Son mariage est donc rendu public et cela provoque un gros problème diplomatique avec l’Aragon.... Mais finalement les conseillers du roi Jean résolvent la situation.
1363 : La différence entre être prisonnier et être otage, ce sont les permissions. Alors Louis d’Anjou, qui est en Angleterre depuis
3 ans loin de sa jeune femme, demande une permission pour aller faire un pèlerinage à Boulogne-sur-Mer. Il est donc débarqué à Calais
et fait serment de revenir dans 3 jours après son pèlerinage. Sauf que sa femme Marie a organisé son évasion et après 3 jours de
pèlerinage à Boulogne (ou de retrouvailles), il ne revient pas à Calais.... Ils se sont enfuis. Et de nouveau, gl'attitude de Louis engendre un gros problème diplomatique avec
l’Angleterre et surtout Louis a trahi son serment de chevalier, ce qui à cette époque est très très grave !!
C’est alors que son père, le roi Jean II le Bon décide de retourner à Londres se constituer otage, pour laver l’honneur des Valois et
l’outrage de son félon de fils !
En réalité, il est aussi retourné à Londres pour tenter d’alléger les conditions du traité de Brétigny et peut-être aussi pour tenter de
convaincre le roi d’Angleterre (Édouard III) d’une nouvelle croisade (les Turcs progressant vers Constantinople). Mais à peine retourné à
Londres, il meurt, non sans avoir donné le duché de Bourgogne à son dernier fils Philippe le hardi !
Charles V devient donc roi de France et hérite d'une situation très tendue en France.
Quant à Louis Ier d’Anjou, premier frère de Charles V, lui aussi aidera à la reconquête du royaume, comme ses frères les ducs Jean de
Berry et Philippe de Bourgogne et son cousin Louis II de Bourbon et grâce aussi à Bertrand Duguesclin.
Lorsque Charles V meurt, Louis d’Anjou devient régent de son neveu, le roi Charles VI (qui deviendra complètement fou), avec ses 2 frères
et Louis de Bourbon, ils forment le « gouvernement des oncles », et se servent très largement dans les caisses du jeune roi, leur neveu.
Louis d’Anjou devient aussi l’héritier de sa cousine la reine Jeanne de Naples (qui, n’ayant pas d’enfant, l’adopte). C’est ainsi qu’il hérite
du royaume de Naples et du comté de Provence. Il meurt dans les Pouilles (Sud-Est de l’Italie) à Bari, en tentant de prendre le pouvoir
dans ce nouveau royaume.
Nous n’en savons pas tellement plus sur la vie du couple Louis Ier d’Anjou et Marie de Blois, sinon qu’ils ont eu au moins 3 enfants :
Marie, qui meurt avant ses parents à l’âge de 13 ans, Louis II duc d’Anjou, aussi comte de Provence et roi de Naples, et enfin Charles
du Maine, prince de Tarente, qui meurt à l'âge de 24 ans sans descendance.
Il semblerait que Louis Ier d’Anjou n’ait jamais eu de maîtresse (du moins officiellement…) et il n’a reconnu aucun enfant bâtard,
ce qui pour l’époque était très rare ! Quant à sa femme, une fois veuve, elle doit faire face à son beau-frère le duc de Berry,
qui tente de s'approprier la Provence du nouveau duc d’Anjou Louis II.
Un dernier petit mot sur ce fameux duc de Berry, qui était un grand mécène, connu aujourd’hui surtout pour son livre de prières
« Les Très Riches Heures du duc de Berry » qu’il a commandité et dont l’une des enluminures représente le château de Saumur.
On appréciera les facéties de l’enlumineur qui a dessiné un personnage montrant ses fesses au premier plan et les traces suspectes
sous les latrines ! (à gauche du pont)... ah sacré moyen âge !!
Lectures ayant aidé à l'écriture de cet article :
- DEVIOSSE Jean, Jean Le Bon, 1985, Fayard.
- AUTRAND Françoise, Charles V, 1994, Fayard.
- AUTRAND Françoise, Jean de Berry, 2000, Fayard.
- BARON Françoise, THIEBAUT Dominique, GABORIT-CHOPIN Danielle, Charles V et ses frères, Louvre promenades, Service culturel du musée du Louvre.
- VERRY Elisabeth, L'Europe des Anjou, Aventure des princes angevins du XIIIème au XVème siècle, Limpossible héritage : la deuxième maison d'Anjou et l'Italie, 2001, Somogy Editions d'Art.
- ARLOT Françoise, Dans la tourmente du XIVème siècle. Marie de Blois, comtesse de Provence et reine de Naples, 2006, Province Angevine N°224.
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