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Pour apprendre à blasonner - les pièces



Comme pour les figures, les pièces sont des éléments ajoutés sur le champ de l’écu, mais ces éléments sont des formes géométriques, bien spécifiques et qui portent un vocabulaire bien précis. Parmi les premières pièces, nous trouvons des sortes de bandeau qui vont traverser l’écu et se nomment en fonction de leur positionnement.

Le bandeau qui traverse l’écu de manière horizontale, est dit en « fasce ». S’il est plus étroit, on parle de « burèle », puis de « filet ».

Duché d’Autriche : « de gueules à la fasce d’argent ».


Le bandeau qui traverse l’écu de manière verticale, est dit en « pal ». S’il est plus étroit, on parle de « devise » ou « trangle », puis de « vergette », puis de « filet en pal » en fonction de la finesse du bandeau.

Comté de Foix : « d’or aux trois pals de gueules ».


Lorsque l’écu comporte à la fois, « fasce » + « pal », c’est une « croix ».
Si la croix est plus étroite, on parle d’« estrez », puis de « filet de croix ».
Si le haut de la croix est inexistant, avec une pièce en forme de « T », on parle de « fasce-pal ». Un « T » inversé, sera « pal-fasce ».
Une « croisette », est une petite croix dont les extrémités n’atteignent pas les bords de l’écu.

Comté puis duché de Savoie : « de gueules à la croix d’argent ».

Jean de Grailly, Captal de Buch : « d’or à la croix de sable chargée de cinq coquilles d’argent ».

Pierre Cauchon, évêque de Beauvais : « dor à la croix de gueules cantonnée de quatre clefs du même ».


Règle de l’Alternance Couleurs/Métaux – Métaux/Couleurs

Lorsque le bandeau traverse l’écu de manière horizontale, mais contre la bordure du haut, on parle de « chef », puis de « comble » s’il est diminué de moitié en finesse.

Marquisat de Montferrat : « d’argent au chef de gueules ».

Comté de Chatillon : « de gueules aux trois pals de vair, au chef d’or ».


Lorsque le bandeau traverse l’écu de manière horizontale, mais contre la bordure du bas, on parle de « champagne », puis de « plaine » et de « terrasse » en fonction de sa finesse.

République de Venise : « d’azur au lion léopardé d’or, ailé et cerclé de même, passant sur une terrasse de gueules, tenant de la patte droite une épée d’argent garnie d’or, et entre les deux pattes, un livre ouvert d’argent, avec ces mots : Pax tibi, Marce, evangelista, meus ».


Le chef et la champagne, (et leurs dérivés plus étroits), n’obéissent pas forcément à la règle de l’alternance des émaux.


Le bandeau qui traverse l’écu en diagonale en partant d’en haut, côté dextre, c’est une « bande ».
Si elle est plus étroite, on parle de « cotice », puis de « bâton », puis de « ruban », selon sa finesse.

Duché de Lorraine : « d’or à la bande de gueules, chargée de trois alérions d’argent ».

Bertrand du Guesclin : « d’argent à l’aigle bicéphale éployé de sable, becqué et membré de gueules, à la cotice du même, brochant le tout ».
« Brochant le tout » signifie par-dessus tout le reste de l’écu.

Comté de Blois : « d’azur à la bande d’argent côtoyée de deux cotices d’or ».


Le bandeau qui traverse l’écu en diagonale en partant d’en haut, côté senestre, c’est une « barre ». Si elle est plus étroite, on parle de « traverse », puis de « bâton de barre », puis de « filet de barre », selon sa finesse.

Humbert de Savoie : « de gueules à la croix d’argent chargée de cinq croissants d’azur, une cotice en barre brochant le tout » ou « de gueules à la croix d’argent chargée de cinq croissants d’azur, un bâton de barre brochant le tout ».



Lorsque l’écu comporte à la fois, « bande » + « barre », c’est un « sautoir » (croix en diagonale).
S’il le sautoir est plus étroit, on parle de « filet de sautoir ».
Si le haut du sautoir est inexistant,avec une pièce en forme de « V inversé », on parle de « chevron » ; un chevron plus étroit est un « étai » ou « chevronné ».
Un « flanquis », est un petit sautoir dont les extrémités n’atteignent pas les bords de l’écu.

Robert Knolles (capitaine guerre de cent ans) : « de gueules au chevron d’argent chargé de trois roses de gueules ».

Guy de La Trémoille : « d’or au chevron de gueules, accompagné de trois aiglettes d’azur, armées et becquées de gueules ».



Une pièce en forme de « Y » est un « pairle ».
Si le triangle en haut du « Y » est plein du même émail que le « Y », c’est un « gousset ».
Un « franc-quartier », est un morceau de l’écu en forme de carré, situé en haut, côté dextre. S’il est plus petit, on parle de « franc-canton ».

Vicomté de Thouars : « d’or fleurdelisé d’azur, au franc-quartier de gueules ».



Toutes les associations de pièces sont alors possible : « chef-pal », « chef-barre », « chef-chevron », « fasce-canton », « croix et sautoir confondu »

Une « bordure » est un bandeau qui fait le contour de l’écu.
S’il est plus fin, on parle de « filière ».
Si la filière contourne l’écu, sans en toucher les bordure, on parle d’« orle ».
Si l’orle est plus fin, on parle de « trescheur » et il peut également être doublé « double trescheur ».

Vicomté de Limoges : « d’hermine à la bordure de gueules ».

Gilles de Rais (Compagnon de Jeanne d’Arc) : « d’or à la croix de sable, à la bordure d’azur fleurdelisé d’or ».

Famille Borgia (Valence et Rome) : « d’or au taureau de gueules, sur une terrasse de sinople, à la bordure de gueules chargée de huit flammes du troisième ».



Un « écusson » est un petit écu placé sur le centre du champ de l’écu.

Thomas Erpingham : « de sinople aux huit merlettes disposées en orle, trois sur le chef, deux sur les flancs, deux vers la pointe et une en point de la pointe, chargé au cœur d’un écusson d’argent ».

Pierre Brézé : « d'azur, à l'écusson d'azur bordé d'or, chargé d'un autre écusson d'argent, accompagné de huit croisettes d'or ».



Le nombre de pièces peut bien sûr varier. On peut donc avoir des champs à deux pals, des champs à trois burèles, des champs à quatre cotices, ou des champs à cinq étais… etc. Pour blasonner, il suffira d’énoncer d’abord l’émail du champ, puis le nombre de pièce en précisant aussi l’émail, qui devra respecter la règle d’association couleur-métal.

Comté d’Harcourt : « de gueules à deux fasces d’or ».

Royaume d’Aragon (identique à celui du comté de Provence) : « d’or aux quatre pals de gueules ».



Les « jumelles » ou « tierces » sont des bandeaux très fin qui peuvent être en pal, en bande… Il peut y avoir plusieurs jumelles, plusieurs tierces. « deux jumelles en barre », « trois tierces en fasce »

Il existe encore de nombreuses autres pièces… L’une d’elles par exemple, la « pile », forme une pointe effilée vers le bas de l’écu.
C’est une « chausse » si elle est plus large ; une « pointe » si elle est vers le haut ; un « mantel » si elle est plus large et vers le haut, et une « chape » si c’est un mantel qui touche le bord supérieur de l’écu.

John Chandos : « d’argent à la pile de gueules ».



D'autres armes alliant figures et pièces :

Seigneurie de Melun : « d’azur aux sept besants d’or, posés en trois-trois-un, au chef du même ».

Famille Courtenay ; Empereurs titulaires de Constantinople : « de gueules à la croix d'or cantonnée de quatre besants du même chargés d'une croisette de gueules et accompagnés de quatre croisettes d'or ».

Royaume du Portugal : « d’argent aux cinq écus d’azur, disposés en croix, chargés chacun de cinq besants d’argent disposés en sautoir, et d’une bordure de gueules, chargée de sept châteaux d’or, trois sur le chef, deux sur les flancs et deux vers la pointe ».



Suite :
Les partitions de l'écu
Les brisures de l'écu


Les armoiries de la Table Ronde
Un peu d’histoire de l’héraldique
Pour le plaisir

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Les émaux et les fourrures
Les figures de l'écu


Lectures ayant aidé à l'écriture de cet article :
- D'ESTAMPES Claude René, Dictionnaire Encyclopédique d'Héraldique, 2016, Broché.
- FROGER Michel, L'Héraldique. Histoire, blasonnement et règles, 2012, Editions Ouest-France.
- PASTOUREAU Michel, L'Art héraldique au Moyen Âge, 2000, Seuil.

Musique que j'aime :
- Vox Vulgaris, Spanish Bombs, 2020.

Auteure © Aurélie-Anne Brière-Seveau, tous droits réservés, 2021

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