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Pour apprendre à blasonner - les partitions



Les partitions de l’écu

Jusqu’alors, nous avons parlé de champ plain avec l’ajout d’une ou plusieurs figures, d’une ou plusieurs pièces. Cependant, le champ de l’écu peut parfois être divisé en plusieurs partitions.

Le champ de l’écu est dit « parti » s’il est divisé en deux, de manière verticale. On commencera alors par blasonner en 1, le côté dextre, puis en 2, le côté senestre.

Cité impériale de Metz : « Parti d’argent et de sable ».


Cette configuration est très fréquente pour les femmes mariées qui place la moitié des armes du mari en dextre et la moitié de celles du père en senestre. Cela arrive aussi pour les nobles ayant deux seigneuries, en mettant les deux en moitié ou les deux entières.

Jeanne de Penthièvre (duchesse de Bretagne et comtesse de Limoges) : « Parti d’hermine et d’hermine à la bordure de gueules ».

Duché de Gueldres-Juliers : « Parti en 1. d’azur au lion contourné d’or, couronné du même, armé et lampassé de gueules (Gueldres contourné) ; en 2. d’or au lion de sable, armé et lampassé de gueules (Juliers) ».


Le champ de l’écu est dit « coupé » s’il est divisé en deux, de manière horizontale. On commencera alors par blasonner en 1, le chef, puis en 2, la pointe.

République de Lucques : « Coupé d’argent et de gueules ».


Le champ de l’écu est dit « tranché » s’il est divisé en deux, de manière diagonale (depuis le canton dextre du chef vers le canton senestre de la pointe ; soit dans le sens de la bande). On commencera alors par blasonner en 1, le chef, puis en 2, la pointe.

Le champ de l’écu est dit « taillé » s’il est divisé en deux de manière diagonale (depuis le canton senestre du chef vers le canton dextre de la pointe ; soit dans le sens de la barre). On commencera alors par blasonner en 1, le chef, puis en 2, la pointe.

Chacun des tracés de la partition peut être rectiligne ou bien modifié : « tranché-ondé » ; « taillé-dentelé » ; « parti-potencé » ; « coupé-crénelé »… etc.

Seigneur de Landas (gouverneur du jeune et futur Charles V): « parti-émanché de gueules et d’argent à dix pièces ».


Le champ de l’écu est dit « écartelé » s’il est divisé en quatre, de manière verticale et horizontale. On commencera alors par blasonner en 1, le quartier dextre du chef, puis en 2, le quartier senestre du chef, en 3, le quartier dextre de la pointe et en 4, le quartier senestre de la pointe.
Souvent dans la configuration « écartelé », le blason est identique dans ses diagonales. On blasonnera alors en 1 et 4, puis en 2 et 3. Là aussi, il s’git généralement d’une composition de plusieurs armes de différents fiefs.

Royaume d’Angleterre (à partir de la guerre de cent ans) : « écartelé en 1 et 4 d’azur fleurdelisé d’or ; en 2 et 3 de gueules aux trois léopards d’or, armés et lampassés d’azur ».

Dauphin de France : « écartelé en 1 et 4 d’azur aux trois fleurs de lys d’or ; en 2 et 3 d’or au dauphin d’azur, crêté, barbé, oreillé, loré, peautré de gueules ».

Principauté d’Antioche : « écartelé en 1 et 4 de gueules au léopard d’or ; en 2 et 3 d’azur fleurdelisé d’or ».
Saint-Louis avait autorisé Bohémond d’Antioche d’écarteler ses armes avec celles de France.


Royaume de Castille et Léon (union par mariage) : « écartelé en 1 et 4 de gueules au château d’or, ouvert d’azur ; en 2 et 3 d’argent au lion de pourpre, couronné, armé et lampassé d’or ».

Comté d’Armagnac et Rodez (union par mariage) : « écartelé en 1 et 4 d’argent au lion de gueules ; en 2 et 3 de gueules au lion léopardé de d’or ».

Comté de Foix-Béarn : « écartelé en 1 et 4 d’or aux trois pals de gueules ; en 2 et 3 d’or aux deux vaches de gueules accornées, colletées et clarinées d’azur ».

Jean Poton de Xaintrailles (compagnon de Jeanne d’Arc) : « écartelé en 1 et 4 de gueules au lion d’argent armé et lampassé de sable ; en 2 et 3 d’argent à la croix de gueules ».


Le champ de l’écu est dit « écartelé en sautoir » s’il est divisé en quatre de manière diagonale. On commencera alors par blasonner en 1, le chef, puis en 2, la pointe, en 3, dextre et en 4, senestre.

Royaume de Sicile-Aragon : « écartelé en sautoir en 1 et 2 d’or aux quatre pals de gueules ; en 2 et 3 d’argent à l’aigle de sable ».


Un champ divisé peut être surdivisé sur l’une des divisions. Il est alors, par exemple « coupé recoupé » (la seconde zone du bas est recoupée) ; « taillé retaillé » ; « parti reparti » : « tranché retranché »
Il peut également être « parti mi-coupé » : la partie dextre est entière, la partie senestre est coupée.
« Coupé mi-parti en pointe » : la coupe en chef est entière, la coupe en pointe est divisée en partie.
« Coupé mi-parti en chef » : la coupe en chef est divisée en partie, la coupe en pointe est entière…

Union des Royaumes d’Aragon-Sicile et de Castille-Léon : « écartelé en 1 et 4 écartelé de gueules au château d’or ouvert d’azur et en 2 et 3 d’argent ay lion de gueules armé, lampassé et couronné d’or ; en 2 et 3, parti en 1 d’or à quatre pals de gueules et en 2 écartelé en sautoir d’or aux quatre pals de gueules et d’argent à l’aigle de sable ».


Anne-Dauphine d’Auvergne, duchesse de Bourbon : « parti-mi-coupé, en 1 d’azur fleurdelisé d’or à la bande de gueules, en 2 d’or au dauphin d’azur, en 3 de gueules au dauphin d’or ».
Dans cette configuration, Anne-Dauphine représente en dextre les armes de son mari (duc de Bourbon) et en senestre celles de sa naissance (dauphiné d’Auvergne de son père et comté de Forez de sa mère dont elle hérite). La forme de l’écu est spécifique aux filles ou femmes, mais pas une obligation.


Un champ « tiercé » est un champ divisé en trois zones égales de trois émaux différents : « tiercé en pal », « tiercé en fasce », « tiercé en bande », « tiercé en barre ». C’est typiquement ce que l’on retrouve sur de nombreux drapeaux actuels (bleu-blanc-rouge => tiercé en 1 d’azur, en 2 d’argent, en 3 de gueules)…

Le champ de l’écu est dit « gironné » (de huit pièces, de seize pièce…), s’il est divisé en de multiples parts qui se coupent en son centre, comme un gâteau rond.
Il est « mal gironné » s’il n’a que six pièces. Le champ gironné n’est constitué généralement que deux émaux ou fourrures alternés.

Jeanne de Belleville (la tigresse bretonne) : « gironné de gueules et de vair de douze pièces ».


Le champ de l’écu est dit « échiqueté », s’il est divisé comme un jeu d’échec (damier) ; « losangé » si le damier constitué de carrés est dans le sens des diagonales.

Comté de Dreux : « échiqueté d’or et d’azur à la bordure de gueules ».

Seigneurie de Hauteville : « d’azur à la bande échiqueté de gueules et d’argent ».

Seigneurie des Barres : « losangé de gueules et d’or ».


Il est « fuselé » si le damier comporte des losanges et « fuselé en bande », « fuselé en barre » si les losanges ne sont pas alignés verticalement.

Seigneurie de Monaco : « fuselé d’argent et de gueules ».

Duché de Bavière : « fuselé en bande d’azur et d’argent ».


Si le champ est divisé en multiples quartiers, on commencera toujours le blasonnement de dextre vers senestre et du chef vers la pointe, comme dans le sens de l’écriture.


Partitions ou pièces rabattues ?

Dans la partie précédente sur les pièces, nous avons vu que le champ de l’écu pouvait avoir plusieurs pièces, par exemple plusieurs fasces, pals, bandes ou barres. Ces pièces sont donc ajoutées sur le champ, par principe de superposition. Ces 4 types de pièces ne vont pas toucher les bords ou les coins de l’écu. Il y aura donc une alternance des couleurs et métaux de manière impaire. C’est ce que l’on appelle des pièces rabattues. On blasonnera le champ avec son émail puis on ajoutera le nombre de pièces avec son émail.

Lorsqu’il s’agit d’une partition, le champ de l’écu est divisé. Il va y avoir une alternance des émaux sans superposition. Le champ sera donc « palé », « vergeté », « fascé », « bandé », « burelé », « barré », « coticé », de X divisions de deux émaux ou fourrures différents alternés, de manière paire.

Famille de Lusignan : « burelé d’argent et d’azur à 10 pièces ».
Il n’y a pas de burèle posée sur un champ, mais bien un champ divisé en 10 pièces.

Duché de Luxembourg : « burelé d’argent et d’azur à 10 pièces au lion de gueules, couronné, armés et lampassé d’or, brochant sur le tout ».

Seigneurie de Coucy : « fascé de gueules et de vair à 6 pièces ».


Duché de Bourgogne : « bandé d’or et d’azur à la bordure de gueule ».

Famille Orsini (Rome) : « bandé d’argent et de gueules au chef d’argent à la bande de gueules ».


Exemples complexes mêlant tout :

Royaume de Chypres : « écartelé en 1, d’argent, à la croix potencée d’or, cantonnée de quatre croisettes du même ; en 2, burelé d’argent et d’azur de huit pièces, au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’or, brochant sur le tout ; en 3 d’or au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’azur ; en 4, d’argent au lion de gueules, armé, lampassé et couronné d’or ».


Famille de Turenne : « écartelé en 1 et 4 d’azur fleurdelisé d’or à la tour d’argent maçonnée et ouverte de sable ; en 2 d’or aux trois tourteaux de gueules ; en 3 coticé d’or et de gueules de 8 pièces ; sur le tout, parti d’or au gonfanon de gueules frangé de sinople et de gueules à la fasce d’argent ».


Royaume de Danemark-Norvège-Suède de Christian Ier : « écartelé à la croix pattée d'argent bordée de gueules ; en 1, d'or à neuf coeurs de gueules, posés en trois pals, à trois lions léopardés d'azur passant guardant, armés et lampassés de gueules, couronnés du champ, brochant sur-le-tout ; en 2, d'azur à trois couronnes d'or ; en 3, de gueules, au lion couronné d'or, tenant dans ses pattes une hache danoise d'argent, emmanchée du second ; en 4, de gueules au dragon d'or ; sur-le-tout écartelé : 1 et 4, d'or, à deux lions léopardés d'azur, armés et lampassés de gueules ; en 2 et 3, de gueules, à la feuille d'ortie d'argent ; sur-le-tout-du-tout, d'or à deux fasces de gueules ».




Suite :
Les brisures de l'écu


Les armoiries de la Table Ronde
Un peu d’histoire de l’héraldique
Pour le plaisir

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Les émaux et les fourrures
Les figures de l'écu
Les pièces de l'écu


Lectures ayant aidé à l'écriture de cet article :
- D'ESTAMPES Claude René, Dictionnaire Encyclopédique d'Héraldique, 2016, Broché.
- FROGER Michel, L'Héraldique. Histoire, blasonnement et règles, 2012, Editions Ouest-France.
- PASTOUREAU Michel, L'Art héraldique au Moyen Âge, 2000, Seuil.

Musique que j'aime :
- Holloenek Hungarica, Janicsar Indulo, 2019.

Auteure © Aurélie-Anne Brière-Seveau, tous droits réservés, 2021

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